Le Parisien Jacques Chaban-Delmas n'eut de cesse de vouloir transcender une ville trop provinciale à son goût, peuplée d'habitants qu'il jugeait insuffisamment aventureux. Ce rêve de grandeur et de dynamisme que les Bordelais, flattés, ne demandaient qu'à embrasser, devint réalité dans les années 60 et 70. L'agglomération bordelaise, qu'il structura administrativement et politiquement, profita pendant ces vingt années de l'influence de Chaban dans l'appareil d'État : le pont d'Aquitaine, une rocade, Ford, le développement de l'aéronautique militaire et spatiale. Sans oublier la rénovation urbaine de Mériadeck ou encore la naissance du quartier du Lac.
Mais cette esquisse de capitale se transforma lentement en brouillon au fur et à mesure du déclin de la puissance de l'État. Car Chaban ne sut pas anticiper cette nouvelle répartition des rôles que commanda la décentralisation. Privé de ressources nationales après son échec à la candidature élyséenne de 1974, Chaban cessa alors d'être ce démiurge qui intercédait à Paris au profit de « ses Bordelais ». L'abandon du projet de métro révéla soudain que Chaban n'était plus Chaban. Inadapté aux besoins de l'agglomération, insuffisamment financé, ce dossier fit voler en éclats la régulation politique de la Communauté urbaine, organisée depuis 1966 avec le Parti socialiste.
Chaban fit beaucoup pour Bordeaux. Mais si ce radical, diplômé de gaullisme à l'école buissonnière de l'histoire, eut de perçantes visions, il n'eut jamais le souci du détail. A la fin de son dernier mandat, Bordeaux était toujours en panne d'équipements de quartiers, de plan de déplacement urbain et de rénovation de cours d'écoles. D'une ville d'avant-garde, elle était passée en 1995 au dernier rang des villes de même importance. C'est cet héritage, alourdi par une fiscalité exorbitante, qu'Alain Juppé reçut en dot. Il eut l'élégance de ne jamais l'évoquer. Jusqu'au bout, les Bordelais se soumirent à la malice d'un regard qui les avait si longtemps anoblis.
Au sommaire de cet ouvrage constitué de textes et photos extraits des archives du journal Sud Ouest :
- Première partie : Bordeaux et les années Chaban par Pierre Cherruau
- Deuxième partie : la Nouvelle Société
- Troisième partie : la famille, Paris et la vie après la politique
Ainsi qu'une biographie de Chaban-Delmas par Jean-François Bège et un avant-propos de Jean-François Lemoîne.
Mais cette esquisse de capitale se transforma lentement en brouillon au fur et à mesure du déclin de la puissance de l'État. Car Chaban ne sut pas anticiper cette nouvelle répartition des rôles que commanda la décentralisation. Privé de ressources nationales après son échec à la candidature élyséenne de 1974, Chaban cessa alors d'être ce démiurge qui intercédait à Paris au profit de « ses Bordelais ». L'abandon du projet de métro révéla soudain que Chaban n'était plus Chaban. Inadapté aux besoins de l'agglomération, insuffisamment financé, ce dossier fit voler en éclats la régulation politique de la Communauté urbaine, organisée depuis 1966 avec le Parti socialiste.
Chaban fit beaucoup pour Bordeaux. Mais si ce radical, diplômé de gaullisme à l'école buissonnière de l'histoire, eut de perçantes visions, il n'eut jamais le souci du détail. A la fin de son dernier mandat, Bordeaux était toujours en panne d'équipements de quartiers, de plan de déplacement urbain et de rénovation de cours d'écoles. D'une ville d'avant-garde, elle était passée en 1995 au dernier rang des villes de même importance. C'est cet héritage, alourdi par une fiscalité exorbitante, qu'Alain Juppé reçut en dot. Il eut l'élégance de ne jamais l'évoquer. Jusqu'au bout, les Bordelais se soumirent à la malice d'un regard qui les avait si longtemps anoblis.
Au sommaire de cet ouvrage constitué de textes et photos extraits des archives du journal Sud Ouest :
- Première partie : Bordeaux et les années Chaban par Pierre Cherruau
- Deuxième partie : la Nouvelle Société
- Troisième partie : la famille, Paris et la vie après la politique
Ainsi qu'une biographie de Chaban-Delmas par Jean-François Bège et un avant-propos de Jean-François Lemoîne.