Élu président en 1946 dans le prolongement d’un coup d’État militaire, Juan Perón a gouverné l’Argentine un peu moins de dix ans. Le régime qu’il a instauré est formellement démocratique et pluraliste mais éminemment plébiscitaire. Socialement généreux il s’est appuyé sur des syndicats uniques étatisés et sur l’armée. Renversé et condamné à l’exil, le président n’a cessé de peser sur la politique de son pays qu’il a contribué à déstabiliser jusqu’à être réélu triomphalement presque vingt ans plus tard. Depuis soixante-dix ans Perón, vivant ou mort, allié au souvenir mythifié de son épouse Eva, domine la politique argentine.
Alain Rouquié analyse ici dans la durée l’expérience péroniste, ses ambiguïtés, ses faux semblants, et sa légende. Il décrypte les raisons de son énigmatique survie. Il en dégage les éléments d’un modèle politique qui unit au nationalisme l’appui populaire organisé et le culte du chef charismatique. En suivant la trajectoire de ce phénomène politique singulier, il nous éclaire sur un type de régime où la démocratie se réduit, pour l’essentiel, aux consultations électorales. Au XXIe siècle des « démocraties hégémoniques » de profil similaire se sont établies dans plusieurs pays d’Amérique latine. De nombreux Etats contemporains sur d’autres continents connaissent également des régimes d’« autocratie élective ». Et même certains pays européens semblent aujourd’hui vouloir suivre leur exemple. Si l’Argentine vit toujours au rythme des avatars du péronisme, peut-être sommes-nous entrés, sans le savoir, dans le « siècle de Perón ».
Alain Rouquié, politologue et spécialiste de l’Amérique latine contemporaine est directeur de recherche émérite au CERI-Sciences Po. Il a notamment publié L’État militaire en Amérique latine (Seuil, 1982) et À l’ombre des dictatures. La démocratie en Amérique latine (Albin Michel, 2010).
Alain Rouquié analyse ici dans la durée l’expérience péroniste, ses ambiguïtés, ses faux semblants, et sa légende. Il décrypte les raisons de son énigmatique survie. Il en dégage les éléments d’un modèle politique qui unit au nationalisme l’appui populaire organisé et le culte du chef charismatique. En suivant la trajectoire de ce phénomène politique singulier, il nous éclaire sur un type de régime où la démocratie se réduit, pour l’essentiel, aux consultations électorales. Au XXIe siècle des « démocraties hégémoniques » de profil similaire se sont établies dans plusieurs pays d’Amérique latine. De nombreux Etats contemporains sur d’autres continents connaissent également des régimes d’« autocratie élective ». Et même certains pays européens semblent aujourd’hui vouloir suivre leur exemple. Si l’Argentine vit toujours au rythme des avatars du péronisme, peut-être sommes-nous entrés, sans le savoir, dans le « siècle de Perón ».
Alain Rouquié, politologue et spécialiste de l’Amérique latine contemporaine est directeur de recherche émérite au CERI-Sciences Po. Il a notamment publié L’État militaire en Amérique latine (Seuil, 1982) et À l’ombre des dictatures. La démocratie en Amérique latine (Albin Michel, 2010).