Est-il possible de sortir de l'antinomie utilitarisme étriqué/apologies enchantées du geste donateur ? À partir d'un concept élargi d'intérêt, emprunté à Spinoza, c'est à cette question qu'entend répondre ce brillant essai.
La science économique utilitariste domine largement le champ des sciences sociales. À ses yeux, tout n'est que comportements intéressés et calculateurs. Si une bonne partie de la sociologie s'est rendue avec armes et bagages au paradigme de la théorie du choix rationnel, tous ses courants n'ont pas cédé. Ainsi, par exemple, le Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales (MAUSS), pour qui les faits de donation et de solidarité échappent à l'empire théorique de l'économicisme. Pour salutaire qu'elle soit, la réaction anti-utilitariste verse néanmoins plus souvent qu'à son tour dans l'exaltation naïve du désintéressement. Est-il possible de sortir de cette antinomie finalement improductive opposant un utilitarisme étriqué et les apologies enchantées du geste donateur ?
C'est à cette question qu'entend répondre ce travail, à partir d'un concept élargi d'intérêt emprunté à Spinoza : le conatus. Mouvement par lequel " chaque chose s'efforce de persévérer dans son être ", le conatus est l'expression de ce qu'une existence est fondamentalement intéressée à elle-même, et qu'il n'est pas une de ses actions qui ne soit la manifestation de cet " intérêt à soi ". C'est alors toute une anthropologie économique et sociale qui se réordonne dans la perspective ouverte par Frédéric Lordon. De la prise violente à l'achat économique, en passant par l'échange symbolique et tous les registres du don - cérémoniel, sociable et charitable -, il n'y a rien d'autre que les expressions de l'intérêt-conatus souverain, et ses métamorphoses.
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